Dans ce premier défi couleur, je vous propose de constituer une collection de couleurs et de jouer avec elle.
Constituer une collection
Pourquoi constituer une collection de couleurs? Ne suffit-il pas d’acheter un nuancier de couleurs comme Pantone, RAL ou de consulter n’importe quel site de fabricant de peinture, ou encore d’exposer ses gouaches sur la table?
Il y a trois bonnes raisons pour la constituer soi-même. La première est qu’en constituant sa propre collection on doit situer une couleur parmi d’autres et donc, affiner sa perception. Si une couleur est trop semblable à une autre, inutile de la garder.
La deuxième est qu’un tel outil est très pratique. Regardez ces deux portraits: celui de l’artisane Françoise Lesage et celui de la styliste Anne Élisabeth et voyez comment l’une et l’autre utilisent leur collection d’échantillons colorés, qu’elle soit en céramique ou constituée de morceaux d’étoffes classées dans des bocaux.
La troisième est que le résultat est beau et le processus amusant. C’est la meilleure raison.
Contrainte
Pour ajouter un zeste de créativité, voici une contrainte: réalisez votre nuancier au départ d’échantillons trouvés dans la nature. Je ferai moi-même l’exercice avec des feuilles, ça tombe bien c’est l’automne, il y a encore de magnifiques feuilles colorées à trouver. Mais rien ne vous empêche de choisir des sables, des terres, des galets…
La gamme sera limitée? Soit, les nuances n’en seront que plus riches et nombreuses.
La collection peut être éphémère ou permanente, l’essentiel est de la constituer.
Et une collection de photos de feuilles? Pourquoi pas, mais la photo ne reproduit jamais exactement les nuances, observez les différences entre ce que vous voyez et ce que l’écran vous dit, et notez-les dans un petit carnet. Souvent les couleurs sont plus saturées sur la photo que dans la réalité. Si vous avez un logiciel de développement photo vous pourrez récupérer des nuances mais seulement dans une certaine mesure . Par contre la photo permet de capter des transparences, des effets d’échelles, des rapports de couleur, tout cela est très intéressant pour développer votre sens de la couleur et de l’harmonie mais ne fait pas l’objet de ce présent défi.
Inspiration
En assemblant des nuances de couleur pour réaliser des œuvres éphémères installées dans la nature, l’artiste de « Land Art » Andy Goldsworthy » m’inspire particulièrement, et plus spécialement par sa série « Leaves », qui joue sur des dégradés ou sur la présence de plusieurs couleurs sur des feuilles similaires.
On sera plus modeste dans nos réalisations, on se contentera de collectionner des nuances et de les utiliser dans des créations personnelles.
Alors, on met en œuvre la méthode O (Observer), R (Reproduire), C (Créer)?
Observer
Les feuilles mortes m’ont toujours paru poétiques. Une des premières photographies que j’ai vendue était une nature morte mettant en scène trois feuilles remarquables: des petites taches jaunes, orange et brun finement dessinées sur un fond rouge foncé les rendaient touchantes et très graphiques.
Depuis, je n’ai cessé de prendre des feuilles en photo. Je découvre toujours des formes, des lignes, des dessins, des couleurs, ou des associations nouvelles. J’affectionne particulièrement les feuilles mortes sur l’eau.
Dans votre recherche, n’hésitez pas à regarder les deux côtés de la feuille, elle offre parfois des nuances tout aussi intéressantes et très différentes sur la face qui n’est pas exposée à la lumière directe du soleil.
Quand j’ai vu pour la première fois ces feuilles au revers blanc, j’ai d’abord cru que quelqu’un avait jeté de la peinture blanche dans ce parc. Mais non, il s’agissait bien de feuilles blanches! Ce matin, je les ai photographiées sur un fond givré.
Depuis que je me suis fixée ce défi, j’ai fait d’autres découvertes chromatiques: des fruits violets, des tiges rose ou vert vif, … et tout çà, en ville, près de chez moi. Si dans votre quête vous êtes séduits par de belles associations, par le travail graphique du givre qui dessine les formes, n’oubliez pas cette expérience même si elle ne fait pas l’objet de ce présent défi, gardez en le souvenir en notant, en dessinant, en photographiant.
C’est amusant d’observer les mélanges de feuilles mortes, des feuilles encore sur les arbres au-dessus d’un tapis de feuilles récemment tombées. Évitez cependant de dépouiller les arbres des jardins publiques, mais dans votre jardin, vous êtes le seul maître à bord.
Constituer sa collection
Faire la collecte
Depuis plusieurs semaines, au cours de mes promenades, je récolte de jolies feuilles; je ne me limite pas aux feuilles uniformes, ni même à celles qui ne sont pas abimées. Hier, je suis partie avec un sac de plastique que j’ai très vite rempli.
Évidemment, pour constituer une collection permanente, il faut sécher les feuilles. L’intensité des couleurs va s’atténuer mais vous pourrez utiliser les feuilles séchées. La meilleure manière de les sécher consiste à les essorer dans un premier temps avec du papier absorbant ou des mouchoirs en papier, puis de les placer dans des bottins de téléphone ou entre des feuilles de papier journal, avec une bonne tonne de livres pour maintenir une pression.
Si vous faites l’exercice aujourd’hui, vous pouvez ignorer la séance de séchage en acceptant le côté éphémère de votre réalisation. Mais dans tous les cas, essuyez un minimum les feuilles et presser les dans du papier journal au moins quelques heures. Utilisez les feuilles aujourd’hui, car demain, elles seront recroquevillées.
Classer les couleurs
Beaucoup de feuilles ne sont pas uniformes. Dans cet exercice le but n’est pas de constituer un nuancier parfait mais plutôt de se laisser charmer par des dégradés, par des annotations colorées décidées par la lumière, par la constitution de la plante, voire même par des maladies. Ça complique la tâche. Pour le moment, mettez de côté les feuilles que vous trouvez intéressantes pour leur forme, leur mélange de couleurs, leur graphisme intéressant. Elles serviront pour un prochain défi.
Faites des tas reprenant des couleurs semblables, comme le montre la photo d’introduction et la photo suivante.
Créer les échantillons
A cette étape, vous pouvez choisir de garder les feuilles telles quelles, comme matériau brut ou de les décomposer pour les recomposer vous-mêmes dans une création personnelle.
A mon sens, une des forces de l’œuvre de Goldsworthy est de se concentrer uniquement sur les couleurs du matériau et en s’abstrayant totalement de la forme de la feuille, souvent en en créant une nouvelle, très simple qui exploite le graphisme individuel de chacune.
On peut s’abstraire partiellement de la forme en découpant les feuilles, par exemple en lanières, en carrés, en rectangles, ou en redessinant leurs contours, en supprimant certaines parties ou en créant des associations qui effacent les contours.
Associations
Vous pouvez coller les feuilles sur du carton ou simplement les attacher ensemble avec du papier collant ou même à la machine à coudre. Pour les feuilles collectées le matin, j’ai opté pour la couture. Avec des feuilles trop sèches, la méthode risque de les mettre en pièces. J’ai utilisé
Merci Vinciane pour ce premier défi, je suis dans le Morvan au milieu de la forêt, un endroit idéal pour aller chercher des belles feuilles d’autant plus que nous avons un petit « été indien » en ce moment.